La surprise
Marie aime beaucoup gaberner. Elle a du temps pour cela en cette période de vacances. Ses parents sont restés à la ville et elle séjourne chez sa grand’mère sur la côte normande. Ce matin, le vent est tombé après deux jours de forte tempête. Les vagues ont ramené sur la grève de nombreux débris de bois flottés, de bouchons de plastique, de fils de nylon, etc.
Soudain, son attention est attirée par une petite boîte de bois bien fermée grâce à des fils métalliques qui l’enserrent. Elle la ramasse et rentre en toute hâte jusqu’à l’établi où sont rangées les pinces. Ella a tant de curiosité fébrile en elle qu’elle parvient peu à peu à couper le métal qui résiste. Soudain, le couvercle libéré révèle le contenu de la boîte.
Marie reste figée de surprise : quatre petits compartiments contenant chacun un objet différent.
Il y a une fleur de pavot séchée, un morceau de dentelle, un papier de soie plié et un délicat visage de porcelaine empreint d’une grande sérénité.
Malgré le séjour prolongé dans l’eau, il semble que rien n’ait altéré leur aspect : ceci relève de l’impossible pourtant … Cette boîte serait-elle magique ? Et quel est le mystère qui relie ses quatre éléments ?
La traversée
Il marche depuis longtemps dans cette immense baie. Ses pieds laissent des empreintes différentes selon l’état du sable : fin ou grossier, mouillé ou humide, lisse ou ondulé. Jamais encore il n’avait eu l’occasion de faire ainsi des kilomètres pieds nus. Cela lui procurait un sentiment d’intense liberté. Pas question ici de gaberner : d’habitude, il aime marcher les yeux rivés au sol et ramasser au fil de ses découvertes des éléments hétéroclites : un galet, une plume, un os de seiche, un bout de ficelle … Ce qu’il préfère, ce sont les bois flottés, si doux à caresser : leurs formes parfois évocatrices l’entrainent dans des rêveries à n’en plus finir.
Non, depuis ce matin, il avance les yeux fixés vers lui, là-bas, au loin : le Mont Saint-Michel. Impossible d’en détacher son regard. De temps en temps, la traversée d’une rivière augmente un peu la difficulté de sa profession. Mais l’envie folle d’atteindre son but le presse. Il repense à ce qui l’a conduit ici. Cette traversée de la baie en plein mois de février n’était pas prévue il y a quelques semaines. Mais, lors du réveillon, à minuit pile, chacun a déposé un petit papier roulé dans une boîte sur laquelle était écrit :
« Faites naître de bonnes idées, puis piochez pour la meilleure. »
Lui, il avait écrit sur son rouleau : « Dîner tous ensemble au Café du Port ».
Quand chacun a ensuite pioché un rouleau au hasard, il avait découvert avec stupeur sur son papier : « Traverser seul la baie du Mont Saint Michel. »
Ackane
