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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 22:23

 

ALBUM de FAMILLE à la Médiathèque d'Avrillé.
Le 21 novembre et le 5 décembre 2009.





A partir des photos de famille apportées en atelier    

 

Lacoste ? Vers 1910

 

La mère est assise, toute de noir vêtue, entourée par les quatre enfants : debout, à sa droite et à sa gauche, les deux garçons, encore des enfants. Derrière elle, debout aussi, les deux filles, déjà jeunes filles, presque femmes. Quel âge ont-ils ce jour-là ?

La photo est en noir et blanc. Ils ont mis les habits du dimanche, il faut faire bonne impression. Mais pourquoi ? Pour qui ? Tous regardent l’objectif. Peut-être pas, à bien les observer. La mère a l’air d’une statue, immobile et raidie dans les plis de sa robe noire au col montant. Les visages des enfants semblent plus souriants, excepté celui du plus jeune, à droite.

Les cinq personnages se découpent sur un fond neutre, blanc, sans histoire.

« On ne bouge plus ! »

Le photographe a disparu derrière son appareil, sous le drap noir. On ne voit plus que ses deux jambes maigres qui, ajoutées au trépied de l’appareil, dessinent la silhouette cocasse d’un animal insolite. Peut-être est-ce cette vision qui étire un sourire sur le visage du garçon à gauche et qui allume un regard amusé chez les deux sœurs ?Il a l’habitude, le photographe. Il fait ce métier pour vivre- et Dieu sait s’il en vit mal – mais surtout parce qu’il aime capturer la vie des gens, les mettre dans sa boîte magique comme il se plaît à le dire. Photos de famille, mariage, baptême, communion , la routine des vies. Pas si facile que ça. Tenez, aujourd’hui, avec ceux-là, il a du mal. Certes, ils sont dociles ; ils se sont laissés faire quand il les a disposés, quand il a placé les mains, incliné ou redressé les têtes, rajusté les plis des manches et des robes. Mais il sent que quelque chose lui échappe. Il ne les connaît pas - ils ne sont pas du coin – mais il les devine. Ce sont les mains qui en disent le plus. Regardez-les ces mains d’enfants qui se posent sur l’épaule maternelle comme des oiseaux. Voyez , sur les genoux de la mère, ce poing fermé comme un coquillage usé par le ressac des années . Et puis il y a le plus jeune, à droite, déjà impatient de s’en aller, avec son beau visage buté comme un reproche.Vite, il faut les saisir avant que l’essentiel ne s’évapore.                                       

« On ne bouge plus ! »

 

Colette


 

Juste devant la maison, trois marches dégringolent vers une petite allée de gravier.

Tu es là, sur le seuil, à gauche de la porte, devant le pommier planté dans les herbes folles piquées de tâches jaune canari.

Dans l’ombre accueillante de l’arbre, une nappe aux larges carreaux rouges et blancs, les restes d’un pic nic, miettes de pain, de chocolat, un goûter de tendresse .

Paysage familier, nature morte.

Il faut se dire adieu.

Adieu.

 

Le chalet sous la cascade, on y passait l’été ; le reste de l’année, on était à la ville, en bas, au fond de la vallée, sous les nappes de brûme, dans les fumées de l’hiver, des cafés, des voitures.

Mais l’été ! Fermée la boutique ! « Tant pis pour les grincheux ! » disait le père.

On suit les troupeaux ; lentement, pas à pas, les souliers ferrés frappent la route pierreuse. Les cailloux roulent, le sentier grimpe ; rudement. On sort de la forêt, on s’élève. Les vaches s’égaient, leurs cloches font vibrer l’air des alpages ; un abreuvoir dans un tronc creux, l’eau est gelée, elle vient du glacier ; c’est aussi bon que c’est froid !

Les avalanches sont passées ; larges trouées dans la forêt, sapins à terre sur les coulées brunes ; des mottes qu’on pourra saisir comme des balles ; moins rigolo que les bouses pour les batailles, mais ça s’émiette quand même drôlement.

On dépasse le buisson de noisetiers qui cache un nid de vipères ; le père inconscient du danger le frôle, mais les enfants, qui savent, font un large détour.

On pense à l’autre danger : devant le chalet, la fosse à purin ! rectangle brun doré, agité par des bulles ; terrifiant ! Pas nauséabond. L’odeur, ça va. Mais l’idée ! si on y tombait ! mourir noyé dans une mare de bouse liquide...

Mais le sentier s’allonge langoureusement dans l’herbe jaune devant la cabane ; on ouvre la porte de bois, le volet ; la lumière s’engouffre et tape contre les planches, elle se jette sur l’ombre et la dévore. On ouvre la huche pour ranger les provisions ; on s’en taille aussi une petite tranche avec du fromage et du vin qui pique. C’est l’été. Le chalet sous la cascade est ouvert.

Marie-Laurence



 

 

A partir des mots de "L’Étoile"inspirés par le thème de la Famille :


A peine sortie du monde dit des actifs, je dis adieu à la famille des collègues auprès de laquelle j’ai partagé tant de jours, et de semaines. Sans regrets, le monde du travail étant ce qu’il est devenu. Ciao, monde cruel !

Voici venu le temps de prendre du bon temps, visiter ses amis,les bons seulement, apprendre à dire non aux autres, aux râleurs, aux éternels mécontents. Pourquoi ne pas prendre le train plus souvent, le T.E.R, celui qui se traîne gentiment, et admirer le paysage tout en allant rendre visite à ses géniteurs, puisque, par chance, ils sont encore là.

Chemin faisant, en randonnant, il suffit d’une senteur, de l’esprit d’un lieu, pour que ressurgissent les souvenirs d’autrefois.Les poules en liberté dans le Loué me rappellent mon arrière grand-mère courant après l’un de ces pauvres volatiles afin de lui « faire un sort » - gymnastique meurtrière faisant dire alentour en se lamentant sur mon propre sort « elle ne mange pas cette enfant ! ». Passant près d’une ferme, l’odeur de bouse me donne le blues en repensant à ce petit village dont les habitants, moins nombreux que les têtes de bétail, étaient la caricature de ceux de Clochemerle. Ah Clochemerle ! que de jeux nous avons faits en nous’inspirant de ce livre dont j’ai hélas oublié l’auteur !

Je m’étais promis il y a quelques années, de me lancer dans la généalogie, lorsque serait enfin venu le temps de la « grande vacance », finalement j’ai opté pour voyager, et je vous envoie mes bons baisers de Russie.



Michelle Astegiano


 

Cest une famille de lumière et d’eau, celle qui partage les bonheurs frais du jour. Cette celluleremplie de joie est un élément primordial à la douceur de vivre. Un peu comme l’air réchauffé par les rayons du soleil de l’été. Il y fait bon s’y promener en plein air sur sa petite route de campagne. Cette promenadefamiliale au bord des herbes vertes, sur les sentiersbien connus des connivences partagées. Joie pure. Oui, la famille est le berceaud’une naissancejoyeuse au monde.

Mais ce n’est peut-être qu’un rêve… Tout n’est pas douceur de vivre dans la famille… Pourtant, voilà ce qu’en retient le promeneur, marchant paisiblement sous la longue file des peupliers argentés, accompagné par la lumière de ses souvenirsverdoyants.

Fabrice Antier


 

Le jardin est toujours là, d’une beauté extraordinaire, mais les enfants s’en sont allés. Départs, déménagements, voyages, découvertes. Et la mère est restée, attentive et obstinée comme la vieille maison. Elle attend et elle rêve, assise sur le banc à l’ombre du tilleul.

Où sont-ils à cet instant précis ? Ses yeux les réinventent à défaut de les voir. Pour elle il n’y a pas de nulle part.

 
C


 

 

A partir des objets proposés et choisis :

 

Chapeau

C’était un bel après-midi d’été. En ce début de vacances Pénélope sortit faire un tour dans jardin provençal aux senteurs de garrigue. L’air tiède promenait des effluves de lavande, de thym, de romarin. Elle avait songé à une balade dans la colline, mais soudain, elle ne trouvait plus la force de marcher sous la chaleur écrasante du soleil. Elle se traîna avec langueur jusqu’au sous-sol où la fraîcheur ambiante la fouetta quelque peu.

Dans ce joyeux fouillis, elle cherchait un chapeau protecteur, celui de sa grand mère, le mauve, que l’aïeule portait si élégamment. Elle ne trouva que la vieille casquette du Papé dont elle se couvrit le chef avec désinvolture. Tout en sifflotant, elle allait sortir, quand elle se prit soudain les pieds dans ceux d’une vieille chaise- longue en rotin, un de ces vieux modèles aux larges accoudoirs et haut dossier auxquels l’on pouvait accrocher un repose pied, après maintes acrobaties et non sans quelque pincement de doigt.

Au prix de nombreux efforts, elle extirpa l’objet de son antre et le transporta jusque sous « l’arbre aux cigales » où elle s’installa, munie d’un éventail fleuri qui s’était coincé furtivement dans la chaise. Ainsi, bien lovée, et de charmante humeur,elle put se remémorer les instant délicieux où tous les siens étaient réunis dans la maison familiale .Les yeux fermés, il lui semblait entendre le bruit des boules de pétanque qui se heurtaient, entrecoupé de joyeuses galéjades, les rires des tantines à la cuisine, et ce délicieux parfum de bouillabaisse, lorsque, dans le cliquetis du rideau, Angèle apparaissait sous son seyant chapeau, retenu sur les oreilles par de coquets macarons, en dénouant d’un geste nonchalant son tablier fleuri.

Elle aurait souhaité que le temps s’arrête, afin de rester plongée dans ses souvenirs, mais dans le sablier, inexorablement, les grains de lavande s’écoulaient.

Michelle Astégiano


 

 

La vache, les bottes.

Famille d’automne

Après une aventure pittoresque à vélo sur les petits chemins qui menaient aux champs de la Cottencière, la recherche des champignons pouvait commencer. Hop ! le vélo posé sur la haie accueillante, sous le gros chêne, vieux gardien vénérable de la horde de vaches, nous enjambions plein de hâte la barrière de barbelés pour remplir le premier un panier foisonnant de petits roses, de chanterelles ou de coulemelles… C’était un bonheur sans pareil que de piétiner avec nos bottes vertes l’herbe tendre couverte de rosée. A nos côtés, le chien Sam reniflait les bouillées d’herbe, sautait pour attraper une souris apeurée, venait nous lécher le visage, mais jamais ne nous aidait dans notre quête aux champignons.

Lun de nous un peu éloigné, criait dans la brume matinale : « le plus gros de l’ouest, j’ai trouvé le plus gros de l’Ouest ! ». Alors, nous le regardions un peu jaloux mais contents quand même de nos trouvailles qui s’empilaient dans notre panier.

Après une bonne heure à fouler la prairie, suivis par l’élevage des bovins intéressés et curieux, nous étions satisfaits de notre cueillette. Oui, rien que de penser à la bonne poilée sautée avec des oignons qui nous attendait, ce soir là, lors de la tablée familiale... MIAM ! Quelle dégustation et quels bonheurs partagés que ces moments complices à travers champs.

Fabrice Antier


 

 

La canne.

La porte s’ouvre. Qu’on rentre ou qu’on sorte, peu importe, la canne en noyer nous attend, accrochée à la rampe de l’escalier par la douce courbure de sa poignée. Aiguille arrêtée d’une horloge hors du temps. Personne ne s’en sert plus mais nul n’oserait la prendre : ne porte-t-elle pas encore l’empreinte des doigts de celui qui la laissait là, précisément à cet endroit, sur l’avant dernière marche où son bout métallique avait fini par laisser comme une signature sur le rouge des tomettes ?

Il partait acheter le journal ou son paquet de gauloises et sa main saisissait la canne comme on prend le bras d’un ami. « On va se promener », lançait-il, arrivé en bas de l’escalier. Ce « on », c’était lui, sa canne et Fanette, sa brave vieille chienne griffon qu’il avait ramenée un soir d’hiver et sauvée d’une mort certaine dans une ferme abandonnée du plateau.

Quand il remontait la rue, on entendait le cliquetis de la chaîne suivi du bruit régulier et rassurant de la canne sur les pavés. N’était-ce pas ce bruit des pas à jamais perdus que l’on avait voulu enfermer dans la présence immobile de l’objet ?


C

 

 

 

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 21:53

atelier Loire Béhuard

Rencontre                                                                                                                                                                   De la margelle du puits d’ardoise, doucement, je descends, tranquille, vers la Loire, avec les feuilles des arbres qui glapissent de joie dans le vent et les peupliers qui dansent enracinés. La Loire, cet amour, mon amour, la Loire m’appelle. Comme un chant ensorceleur échappé des maisons aux volets bleus. Les parfums de fraîcheur terminent de m’envenimer. Comme les promeneurs ébahis, je suis happé. J’emprunte le chemin qui mène à ses berges. Doucement, mais happé, appelé par les couleurs du soleil dans ce règne éternel de paix. Elles ne sont plus là, mais le cri des sternes résonne encore dans mon cœur. Et les grenouilles du printemps font écho dans ce rêve éveillé. J’approche, passant les folles herbes de la berge et je me risque sur la douceur de la rive. On dit que parfois les sables sont mouvants… Au loin, les barques allongées sur l’eau. Fleuve tranquille ? Qui sait ? Loire, mon amour. Fleuve gardé par les ponts de ferraille et de pierres. Fleuve gardien des terres alentours. Se poser là, sur le sable enchanteur. Se détendre au silence. Transparence d’un instant, plus rien ne bouge. Rives de sommeil et de paix. Rencontre avec soi-même et tout l’autour. "Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. "

Fabrice. http://joied-ecrire.over-blog.com


 

Je sais que tu es là. Je sais que tu m’attends. Je sais que tu m’entends autant que je t’entends.Tes bruits guident mes pas de façon précise.Je te devine, je t’aperçois, … je te vois enfin ; Tu es là devant moi. Oh ! si j’osais, je dirai que tu t’es mise au « régime », tu es devenue si mince. Je ne peux même pas te toucher, sentir ma main se glacer ou se réchauffer suivant ton bon « vous Loire. Tant-pis, j’attendrai, je prends contact avec toi, seulement par le bout de mes pieds. Je les fais glisser sur le sable, ce sable qui s’est déposé dans ton lit au temps où tu étais plus majestueuse. Je sais que tu le recouvriras dans un avenir plus ou moins proche, puisque avec toi, il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Il me suffit d’attendre.


 

En allant vers la Loire

 

Madame, qui êtes-vous ?

Je marche vers vous et je ne sais plus quoi penser, j’enjambe une chaîne et je me délie d’un souvenir, d' un soir d’été où vous avez accueilli en votre sein quatre jeunes épris de liberté, aujourd’hui j’ai une pensée pour l’un des nôtres qui s’est envolé si haut qu’il n’est jamais redescendu, il a atteint une autre sphère.

Madame je marche vers vous et je ne peux vous sentir, ne vous méprenez pas je ne parle ici que d’odorat.

Madame je vous vois et vous admire, un jour un homme a dit il n’y pas de hasard il n’y a que des rendez vous,l’espoir naît en moi, peut être que la destinée nous réunira pour qu’enfin mon âme s’emplisse de vos confidences, vous la plus grande témointe du spectacle humain.

Pénélope


 

Je suis un élément du paysage …

D’où me vient ce besoin de trace humaine dans une nature si belle ?

Allez savoir !

-Certains vont trouver cela superflu, voire gênant, et s’émerveiller simplement devant les arbres, les fleuves ou les montagnes ;

Moi aussi certes, mais il me manque alors ce qu’apporte à mon imaginaire la vision si petite soit-elle du bâti .

Ca y est ! j’ai trouvé ; dans ce paysage je serai la flèche de l’église et ainsi l’ensemble trouvera pour moi son équilibre . La ligne horizontale de la Loire , la beauté naturelle des lieux a rencontré son complément : les pierres du clocher . La trace humaine a placé le temps dans l’espace , l’élévation du monument me rassure , me situe comme un repère ici et maintenant .

Quelle belle rencontre que celle qui se noue entre la nature et l’homme qui sait la respecter.

J-Y



Peu de gens s’aventurent ici, il est peu praticable ce banc de sable, pourtant l’endroit est si ‘délectable’

Il m’arrive d’être écrasé, caressé, immergé, chatouillé, effleuré, apprécié, dénigré.

Ce peut être ce chien de la maison d’en face, égaré par là qui me renifle, ou ce gros raton laveur qui entre et sort dans la Loire ne se préoccupant aucunement de moi. Ce peut-être une libellule qui m’effleure, des mains qui me manipulent, un tronc d’arbre géant qui s’abat sur moi, une barque qui se pose…

Je vois tant de choses là ou je suis, je découvre sans cesse la vie.

Des promeneurs, des bateaux, des engins à moteur, les grognements d’automobilistes sur ce pont étroit, les déchets, des baigneurs imprudents, les insectes sans cesse défilent devant moi.

Je suis seul, toujours là, et la Loire m’accompagne.

Mais quand Reine Loire se déploie, j’ai froid, il fait noir je me rétracte. Plus rien n’est comparable. Impossible de distinguer la vie du dehors.

Alors je m’endors mais les remous violents me désarçonnent et me délogent ;

Ou bien je m’enracine, me « caporalise » dans cette jungle aquatique, mon ouïe se transforme, rien est identique. Je persiste, et conçois que cet état inébranlable, passage obligé ne me séparera pas de Loire… Sur mon banc de sable ou ailleurs je serai et resterai….

« Le sable ou un grain égaré »

C




Patronyme à particule : Ombre de la terrasse

Cousins : Ombre du vent, Ombre d'un doute, Ombre au tableau

Faux ami : Hombre ( gesticulant et bavard )

Age : Suis immortelle, à moins que...

Lieu de vie : Hameau des Lombardières, en pays ligérien. Vue imprenable sur la Belle Endormie à cette saison. En face, rive droite, le village de Béhuard, assoupi et secret pour un grand nombre de jours, envahi et musardin le temps des fins de semaine.

Activités :

L'été, je passe le plus clair de mon temps à soulager l'inconfort des habitants de la villa, dans la presque immobilité, me déplaçant très précautionneusement, laissant aux unes et aux autres le plaisir de regarder à loisir couler le fleuve. Je ne sais faire que ça. Etre sombre et silencieuse.

L'hiver, peu de boulot, soumise aux caprices de l'astre royal. Plus de compagnie sous la terrasse désertée. Je me retrouve seule, avec la Grande Dame, pour un tête-à-tête complice et muet.

V.

 

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 17:52

    BoutduMonde

 

Sur le promontoire rocheux dominant la Maine, il constate que rien n'a changé, le fond est là, l’histoire respire, transpire et la pierre résonne. Jusqu’au ciel qui touche la terre et le clocher qui se perd dans des mauves au couchant. Il imagine les prêtres du foyer st Aubin protégeant le badaud des rigueurs de l’hiver et les slogans d’hier scandés sur ceux d’aujourd’hui : « Mêmes devoirs alors mêmes droits, mêmes lois ». Il regarde, lui, le badaud d’aujourd’hui, les parcs des maisons du château, là, où la cerise pend à l’arbre et le jardin se fond dans la cité. La promenade du bout du monde, il l’a faite et l’ivresse des vins qui ont un fleuve pour terroir, il la connait. Lui, qui se couche dans les pisses multiples des toilettes de la gare. Pas un « canipropre » et pas d’entrée possible, ça fait désordre, un gueux des trottoirs dans un château du moyen âge. C’est à son pied, plus bas, sous la roseraie du parc qu’il posera bagages, pour une nuit, une nuit seulement, à l’ombre du château de cartes, cette forteresse infranchissable. La luna

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 00:00

rouler

 

    Je laisse derrière moi cette nuit infernale, cette nuit sans fin, cette nuit de brouillard où cependant j'ai tout décidé.

    Cet hôtel d'étape près d'Asti, 2 étoiles, tout confort, dans lequel chaque objet est à sa place, avec la neutralité la plus absolue.

    Je m'y suis posée pour être le plus loin possible de l'homme qui hante mes jours, mes heures, mes minutes, mes secondes, cet homme qui m'appelle sans cesse, me harcèle, me rend folle, qui le sait, qui en joue et qui s'en délecte...

    Maintenant, c'est fini, je l'ai fui pour toujours. Il ne trouvera plus mon nom près de la porte d'entrée, je n'y suis plus. Mes anciens numéros de téléphone lui indiqueront qu'ils ne sont plus distribués. J'ai coupé tous les ponts, j'ai brisé tous les liens, j'ai organisé ma fuite.

    Je sais que maintenant, un personnage en voie de reconstruction prend sa destinée en mains.

    Comme prévu, la voiture que j'ai louée par internet est sur le parking de l'Hôtel. Je m'approche, avec mes valises, et mon sac à dos.

      C'est drôle, je la regarde comme le symbole de ma métamorphose. Je veux l'ausculter, la détailler, m'en imprégner.

     Elle est rouge, j'adore, elle va bien avec la couleur de mon manteau . Elle est assez grande pour y être à l'aise mais en même temps assez petite pour la garer sans problème.

    Son coffre est très facile d'accès et bien proportionné; J'ai l'impression qu'elle me sourit avec les phares avant, les pneus sont très crénelés donc neufs... Tant mieux!

    Le moteur ! Ce n'est pas la peine que je m'en occupe, je lui fais confiance.

    Je sors les clés de mon sac, j'appuie sur la télécommande et hop ! Elle clignote. J'en fais le tour, aucune éraflure, aucun creux aucune bosse, elle est en parfait état.

   Mon premier examen de femme libre est terminé, j'ouvre le coffre, pose un à un mes bagages et le referme doucement.

    J'ôte mon manteau rouge, le mets sur les sièges arrière. Je m'assieds derrière le volant, je place ma ceinture de sécurité, je pose mon sac à main sur l'autre siège, j'allume la radio et je ferme les yeux.

    Ca y est, maintenant nous sommes prêtes pour le début de l'aventure.

    Je sens mon sang qui coule dans mes veines, j'écoute ma pensée qui s'organise pour le plan de route.

    Un, deux, trois... j'ouvre les yeux, je mets le contact... je reçois le bruit du moteur comme une douce musique... j'éteins la radio et je me concentre sur les notes de cette nouvelle mélodie. Je quitte l'aire de stationnement et je rejoins l'autoroute pour en sortir le plus vite possible.

    L'autoroute ne m'intéresse pas, elle n'est qu'un long ruban, sans envies, sans vie véritable.

    Je lis " sortie 23", vers Niza Monterrato, je trouve cela chic.

   Je vais sortir, sans oublier de payer mon droit à user l'asphalte, depuis Asti. Ouf ! Ma voiture s'élance vers la petite route, sinueuse, bordée de haies verdoyantes, de petits villages blancs.

    La paix s'installe doucement en moi, je commence à m'inventer un nouvel itinéraire de vie, je chantonne. Le moteur joue son concerto et...

     Non, non, ce n'est pas possible, je rêve, un chien est couché en plein milieu de la rue avec un boulet autour d'une patte.

    Ce n'est pas possible, c'est insupportable.

    Je dois m'arrêter, lui porter secours. Qui peut se permettre de tels actes ?

    Je m'arrête sur le bas-côté de la route, je descends de la voiture...

    En fait, à nouveau, je n'ai plus de choix, je suis obligée de tenir compte de cet évènement.

    Tant pis ! Ou, tant mieux ! Je verrai bien.

    Non, sans hésiter, je m'approche de l'animal, je lui souris, je lui parle, je veux le rassurer.

    Rien ne pourra plus me faire renoncer à ma nouvelle mission, je le caresse et observe son fameux boulet. Quelle surprise ! Il est creux, il a même un couvercle, c'est un peu comme une urne ou quelque chose d'approchant.

    Très doucement, je soulève ledit couvercle et je plonge ma main à l'intérieur, je saisis un papier plié en quatre. Je le déplie lentement, et je découvre un petit texte d'une dizaine de lignes. Bien sûr, c'est écrit en italien, me voilà bien, j'essaie malgré tout de comprendre. C'est périlleux pour moi, j'y perds mon latin.

   Après quelques minutes, je me rends compte que c'est un appel au secours ! Deux personnes, les propriétaires du chien sont cachés derrière un buisson. Je tourne la tête de chaque côté de la route.

    J'attends quelques minutes. Aucune voiture ne passe. J'ai l'impression d'être seule au monde avec "mon chien", Ah, j'ai dit "mon chien", j'ai un instinct de propriété assez développé, sans doute est-ce lié à ma nouvelle vie ? Malgré moi, je veux faire partie d'un scénario. Tout à coup, je vois deux formes humaines avancer doucement. Elles portent un masque... j'en suis sûre. Le chien se relève, jappe, saute, le boulet en plastique a failli lui percuter le museau. Je frissonne, tout cela est tellement inattendu. Ils me saluent brièvement et ouvrent la voiture, prennent le chien et s'installent en repoussant les sacs.

    Je me suis posée la question de savoir si je devais me présenter ou au contraire me taire.

    Je choisis la deuxième solution. L'homme (je le suppose, il en a la musculature) s'est assis près de moi. Il a sorti un révolver de sa poche, l'a posé sur ses genoux et sans me regarder, a annoncé dans un français impeccable : " tu roules en suivant mes indications, nous ne te voulons aucun mal, nous devons seulement fuir le plus loin possible de Torino".

    La jeune femme à l'arrière ne disait rien et j'ai pensé qu'elle était la compagne ou la complice de l'homme.

    Curieusement, je n'avais pas peur, je prenais cet épisode comme un signe du destin. J'allais les accompagner, peu importe où cela me mènerait. Je me suis même retrouvée à me demander si je n'épouserai pas leur cause (je souris au mot épouser, moi qui fuyais l'HOMME.) Apparemment, on fuit un être humain pour s'embarquer avec d'autres...

      Le nouvel homme de ma vie a dit qu'il trouvait ça un peu pénible, les petites routes.

     Ah ! Je dois retourner sur l'autoroute, tant pis pour moi, j'y vais ...

    Ca y est, je suis lancée, je monte le moteur jusqu'à 130, les Kms défilent, l'homme fixe la route et la jeune femme caresse le chien. Plus de parole échangée, cela commence à être long. Tout à coup, un petit signal retentit. L'homme consulte son portable. Il lit sans doute un SMS et se met à hurler.

    "Tu sors à la prochaine aire de stationnement, nous devons y descendre. Ta voiture est maintenant trop risquée pour nous." Je suis sortie de l'autoroute comme il me l'avait demandé, je me suis garée sur un emplacement assez isolé pour ce genre d'endroit. L'homme reprend son révolver, descend de la voiture. La femme et le chien le suivent. Il me met un bandeau sur les yeux et me demande de le retirer seulement au bout de dix minutes. Il a pris le temps de me serrer La main avec une certaine reconnaissance, avant de s'écarter. Et là, je me suis sentie à nouveau exister.

  Michèle J.


 

rouler bis

 

     Je laisse derrière moi Ernest, Madeleine et leur chien Victor, une famille d'adoption.

     Ernest, droit comme un I dans ses bottes, m'a tendu la main, un homme c'est fort n'est ce pas, et j'ai fait comme si je ne voyais pas la petite brume dans ses yeux. 

    Madeleine, comme à son habitude, n'a pas caché ses émotions. Elle m'a pris dans ses bras en pleurant à chaudes larmes et m'a fait de gros baisers mouillés sur les joues, avant de se moucher avec fracas dans un grand mouchoir qu'elle avait prévu d'agiter à mon départ, mais qui a dû, du coup, rester au fond de sa poche.

    Quant à Victor, dans l'émotion, je lui ai marché par inadvertance sur la patte, et c'est moi qui ai du l'enlacer pour le consoler et me faire pardonner.

   Le camion était plein à craquer : des outils, des cartons, des planches, des vitraux, de la peinture... tout ce qui avait servi pour l'abbaye. Sans compter les confitures, les bocaux que m'avait remis Madeleine. Et puis, mes affaires personnelles, quelques fringues, des bouquins, des croquis, des photos...

  J'avais rabattu les sièges arrière et, malgré l'encombrement, je pouvais encore utiliser le rétroviseur intérieur.

  Sur le siège passager, des sandwiches, bien plus qu'il n'en fallait, de l'eau, un thermos de café, la route sera longue m'avait dit Madeleine, et sous le siège quelques bouteilles de vin et de l'eau de vie confiées par Ernest.

  Je les salue de la main une dernière fois et je monte dans le camion.

  Fenêtre ouverte, je file tout doucement en traversant la cour, ils me font tous les deux de grands gestes, et je klaxonne pour concrétiser mon départ. C'est fait !

  Avant de prendre la nationale, je fais un petit détour vers l'abbaye, encore envie de la revoir.

 

   Une brume persistante enveloppait le paysage. J'avais mis la radio et changeais de station à chaque pub, mais globalement ça captait mal. Il faudra bien que je me décide à me procurer un lecteur de CD.

  Soudain un chien, je fais une embardée, l'évite de justesse, j'entends les bocaux qui se renversent, les sandwiches et le thermos qui roulent à mes pieds.

  Plus de peur que de mal, mais je peste après ce foutu chien . Je m'arrête sur le bas coté, warning, dans ce brouillard c'est carrément dangereux et je saute du camion. Jappements, aboiements, deux pattes sales sur mon pull... Mais ? Non j'y crois pas, c'est Victor !

  Victor qui m'a suivi, bon sang, comment c'est possible ? D'ailleurs, les pattes sales sont plutôt des pattes ensanglantées, il a souffert l'animal.

  Pas le temps de réfléchir, c'est trop risqué ici, je fais monter le chien à l'avant et je file vers le prochain village. Je dois prévenir Ernest et Madeleine.

  Etrangement, la présence de Victor me plaît. Tout recroquevillé devant le siège passager, il lèche ses pattes blessées et halète en couinant dès qu'il sent mon regard sur lui. Il finit par s'endormir avant que j'atteigne le premier village. Evidemment, téléphoner en pleine campagne, pour un réfractaire du portable comme moi, ça n'est pas gagné d'avance. Et je dois encore tracer la route avant de trouver une cabine dans un drôle de bled triste, sans âme qui vive. Ernest ne répond pas, Madeleine non plus, mais de toutes façons, elle préfère laisser le téléphone à son homme. Etrange qu'il n'y ait personne à cette heure, un dimanche...

Je quitte la cabine téléphonique, un peu dépité et vaguement inquiet. Je suis déjà loin de Signy l'Abbaye et n'ai guère envie de faire la route en sens inverse. Et Victor qui me regarde avec des yeux énamourés ! « Allez le chien », dis je en remontant dans le camion, « on file, je préviendrai tes maîtres plus tard, et puis on avisera d'accord ? ». Victor émet un jappement et s'en remet au ronronnement du moteur pour s'assoupir de nouveau.

  A la sortie du village, un couple de jeunes gens jaillit d'un abri et du brouillard en entendant le moteur du camion. Ils me font de grands gestes, je m'arrête sans réfléchir, c'est la deuxième frousse que l'on me fait depuis mon départ.

  La femme ouvre la porte et, sans que je sache si elle veut un renseignement ou de l'aide, elle lance :

 « Vous allez vers le sud ? »

« Ben oui », dis je bêtement « et vous ? » .

« Où vous voulez », répond – elle, « du moment que c'est le sud ».

  Et, en l'espace de quelques secondes, avant que je puisse réagir tant la surprise était grande, l'homme a ouvert la porte arrière, a poussé les planches et les cartons, s'est installé en tailleur, le plus naturellement du monde dans l'espace ainsi créé.

  La femme a pris les sandwiches et le thermos sur ses genoux, a poussé délicatement Victor et s'est installé sur le siège passager.

  Elle a dit qu'elle trouvait ça sympa que j'accepte de les conduire un bout de chemin, comme si j'avais eu le choix.

  Je me suis retrouvé à me demander ce qui se passait depuis ce matin. Je partais seul, me voici à trois plus le chien et sans que je puisse décider de ce qui me plaisait ou non.

  La femme était bavarde, commentait sans attendre de réponse. Le jeune homme à l'arrière ne disait rien et j'ai pensé que c'était elle qui avait décidé de faire ce voyage et que lui, suivait.

  Je me suis posé la question de savoir si je devais leur mentir et prétexter un rendez vous ici ou là pour m'en débarrasser ou si je devais lier connaissance.

 Mais la femme avait cette faculté de parler et d'anticiper la suite et, à mon insu, elle me projetait plus avant.

  « Alors comme ça vous filez vers le sud, sans trop savoir où vous allez ? «  demanda-t -elle innocemment mais avec conviction.

« Mais je n'ai pas dit ça », essayai je de répliquer «je vais vers le sud, soit, mais je sais où je vais bien sûr »

« Ah bon, et vous allez où avec ce bardas et ce chien ? » continua t -elle .

« je vais... euh, et puis c'est bon quoi, ça ne vous regarde pas ».

« Oh, vous savez, je disais juste ça pour faire connaissance, moi ça m'est égal et d'ailleurs... ». et ainsi alimentait – elle un discours stérile dans lequel ni moi ni son compagnon ne pouvions en placer une , son compagnon d'ailleurs n'essayait même pas, il devait bien la connaître.

 

   Soudain, les cloches sonnent dans l'habitacle, Victor sursaute et commence à hurler, l'homme derrière farfouille en vain dans les sacs autour de lui pour finalement, extraire un téléphone portable dont la sonnerie est passée des cloches à la 5ème symphonie de Beethoven.
  Victor hurle toujours, c'est un cauchemar, je trouve une aire de stationnement et je m'arrête pour faire descendre tout ce petit monde et respirer un bon coup avant de hurler à mon tour.

  Je fais le tour du véhicule pour ouvrir les portières, Victor saute doucement en couinant de douleur sur ses pattes meurtries, mais le hurlement a cessé.

  L'homme et la femme regardent incrédules l'écran du portable : ils sont pâles et sans voix et je réalise combien le contraste est frappant entre le silence qui nous entoure à l'instant et la cacophonie précédente.

« Ca va ? » dis – je tout en me disant que ma question est stupide tant on sent que ça ne va pas justement.

« Vous pouvez nous laisser dans une gare ? » demande l'homme qui, pour la première fois, prend la parole.

  Je n'ai guère le choix, je n'ose pas poser de questions, nous repartons, l'homme entoure de ses bras les épaules de la femme. Celle ci n'émet plus un son, elle fixe la route, abattue.

   

Je les laisse à la première gare.

  «Vous savez où vous allez ? » demandai je à mon tour.

« Vers le nord, un bled, Signy l'Abbaye », répond l'homme.

  Victor et moi continuons alors notre route. Ernest et Madeleine ne répondent toujours pas au téléphone.

Gaëtane

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 00:00

 

 Chez Robert, le poète-ferrailleur

                                                  lizio-2011 9307

  Chez-le-Poete-Ferrailleur-0727[1] 

 

   

 

  

Dehors, la pluie. Dedans, elle, seule, en pleurs, dans le noir. Soudain, de loin, elle sentit comme une vibration d'ailes: un vol d'oiseaux couleur de feu, vifs comme la flamme, passa devant sa fenêtre.     Elle se leva d'un bond pour les revoir et son chagrin s'envola à leur suite. Elle eut envie de danser et chanter sur une petite musique légère... 

 

Texte à partir du mot AILE, de Régine Béber


  Devant l’arbre à vent et accompagnée du texte d’Emile Verhaerne.

 

«  Si j’aime, admire et chante avec folie le vent,

c’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant de s’infiltrer par mes poumons, mes pores, immensément il a étreint le monde. »

E.Verhaerne


 

L'enfant arrive en sautillant sur l'allée Phare et arbre à ventd'herbes, s'arrête un instant à regarder les oies, et stoppe devant l'Arbravent.

Une drôle de chose, qu'à première vue, il comprend, mais qui l'intrigue: un tronc jaune fait d'un socle et de gros bouts de tuyaux, duquel partent des tubes comme des bras tordus.  Sur ces branches tournicotent au gré du vent des roues de cycles, des hélices, des espèces de cuillères pleines de trous et autres moulins multicolores...

Soudain, le vent tombe et tout s'arrête net. L'enfant hésite, regarde autour de lui, puis, avisant une manivelle à portée de sa main, l'empoigne et tourne.

Alors, le mécanisme se met en mouvement: à ses pieds, les godets s'emplissent d'eau et la déversent, ravivant le chuchotis du ruisseau et, oh miracle ! Le vent se relève, entraînant de nouveau les roues, les hélices et les tourniquets. Dans un bruissement d'ailes, l'enfant prend son envol... 

Régine Béber


 Près du manège et accompagnée du texte de Clodine.  

 

J’ai vu une vieille dame en âge 

A robe bariolée 

Canne tricolore et spiralée façon sucre d’orge…

Elle sortait d’une maison de bric et de broc 

Chalet loufoque, 

mi-manège, mi-cabane 

caché sous les lianes. 

La vieille dame s’en allait avant l’orage

Pour quelques pas sur le chemin de halage.

Partir et revenir.  

Clodine


 

Bateau-chevaux

 

Du carrefour des Quatre-Vents, je descendais vers le P'tit Manège, lorsqu'en chemin je rencontrai un équipage tout droit sorti d'un roman de Jules Verne: une deudeuche amphibie, mi-auto, mi-bateau, déboula d'un nuage pour se poser sans manières sur le lavoir, entre deux nénuphars.

En sortit une vieille dame en nage !

Vêtue d'un jupon coquelicot, elle ôta son chapeau rigolo et s'épongea le front d'un coin de son tablier en nid d'abeille - c'est vrai qu'il faisait chaud !!

Puis, d'un saut de grenouille, elle enjamba la margelle et se mit en route vers le moulin.  Au passage, elle me gratifia d'une révérence de son chapeau de paille gruyère et disparut. 

Je restai planté là, n'en croyant pas mes yeux, attendant je ne sais quoi, espérant qu'elle revienne. Des heures longues comme des minutes passèrent. Il ne se passa rien. Le jour tirait à la nuit. J'étais seul avec mon ombre qui s'allongeait de dépit. 

J'allais faire demi-tour lorsque le P'tit Manège se mit en mouvement. Personne à l'entour. Etait-ce un appel ? Je m'approchai pour mieux voir. Assis sagement dans leurs drôles de machines, regardant droit devant, les personnages tournaient en rond, passaient et repassaient sous mon nez sans me voir. Pourtant, là-haut, posé sur un nuage au-dessus du manège, flottait un équipage tout droit sorti d'un roman de Jules Verne: une deudeuche amphibie, mi-auto, mi-bateau, pareille à celle que j'avais vue plus tôt... mais tout en miniature.

Assise au volant, une minuscule petite vieille agitait son chapeau de lune en guise de salut.

Et puis elle disparut. Le manège s'arrêta. Il faisait un noir d'encre, une seiche n'y eût pas retrouvé son cornet ! A tâtons, je rebroussai chemin. Mais avant de regagner mon gîte, je voulus en avoir le cœur net et jeter un œil du côté du lavoir. Tout y était tranquille. Soudain, une luciole s'alluma et, à la faveur de sa lueur, je vis une grenouille, assise sur un nénuphar rouge, qui coassait paisiblement... 

Régine Béber


Choix du lieu : face au penseur rouge.

Intégrer la phrase : «  Quand ta caresse aime mon corps fatigué. »

 

 lizio-2011 9764C’est vrai, tu penchais toujours la tête sur le côté gauche comme pour mieux entendre le son de ma voix qui te chuchotait des mots doux. Tu disais toujours que tu voulais qu’ils ne s’échappent pas.

Parfois, aussi, quand tu étais fatigué, accablé, tu prenais cette même posture. Tu me disais que tu captais la voix du monde, que l’atmosphère se transformait à ces instants d’intense concentration, de méditation.

Malgré le poids et la laideur du monde, dominait toujours en toi, l’espérance d’un monde toujours plus juste, plus humain, respectueux de toutes les richesses que nous offre la vie, l’univers source d’imaginaire.

La philosophie de la vie, t’envoyait des leçons, parfois tu doutais du bon sens de tes décisions et de tes choix.

A ce moment-là ton âme, rejoignait toutes les cellules de ton corps : univers onirique, vrai labyrinthe imagé !

Dans une longue respiration tu pouvais te mettre au diapason avec ta sœur d’âme et dans ces moments privilégiés, je me souviens de la complicité, de l’amour qui nous unissait, sans oublier quand ta caresse aimait mon corps fatigué. Oui, il existait une vraie usure du temps et des souffrances qui ont façonné mon corps. Mais toi seul savais l’honorer, le dessiner, le respecter et l’aimer.

Vraie union de nos âmes, véritable don à l’autre. Je souriais doucement sous tes mains caressantes et j’adorais te chuchoter quand tu mourras, car je savais que tu allais mourir et laisser ta peau et ton corps faire son chemin.

Je te ferais sculpter dans une terre d’oc avec cette posture, assis sur une pierre, la tête penchée, passif et essayant de capter les ondes de l’univers.

A l’écoute, du temps, de la nature, les plantes symbolisent ta capacité à recevoir, à écouter, pour mieux redonner.

Oh toi mon âme sœur, je te retrouve prêt à partir sur des chemins nouveaux, à la croisée des lumières et des ténèbres. Moi mon âme s’est volatisée dans la sphère inconnue de l’imaginaire relié à la terre pour mieux nourrir les oiseaux messagers de la liberté d’être, de crier.

Hommage à toi, poète ferrailleur. Peut-être qu’au lieu d’une caresse qui me rendrait farouche, recevrais-je un sourire illuminé.

Michelle Gourlay

 


Ecrire à partir du mot Sillon.


Tourner en rond dans le sillon de ses envies.

Tourner si bien que se dessine un sillon,

tout rond, tout blond.

Creuser.

Les écritures racornies

se mettent en route, en fête,

virevoltent au-dessus de la terre,

humus-humanité.

Clodine


Ecriture en atelier à partir du mot AILE.

 

De ses mains, elle fabriquait des ailes d’oiseaux.

Ailes en papier, ailes en osier, elle hésitait.

Parfois soupirait, ne savait plus que choisir

Mais de ce soupir naissait la fantaisie, malgré elle.

Et ses ailes s’envolaient, au loin.

C’était bien.

Ailes ribambelles

Ailes ritournelles.

Clodine Eté 2011


Ecriture en atelier avec  les mots: Utopie, galopin, labyrinthe, murmures de l’âme.


Comme un galopin espiègle, farceur et blagueur, je cache mes peurs et mes peines.

Du fond du labyrinthe, je sens le parfum des jacinthes qui m’autorise à m’envoler dans une sphère imaginaire.

Surgit une explosion de couleur, de forme, de joie, de mouvements, de points de suspensions.

Une interrogation au fond de mon cœur :

où va ta vie ?

Ah ! Tu as laissé au bord de la route l’imaginaire, la créativité, la spontanéité ! Galopin revient !

Oh mais j’entends le murmure de l’âme qui me suggère le changement pour butiner, me poser, pour passer à l’acte du renouveau !

Utopie dans un envol du renouveau des possibles !

Michelle G


  Ecrire à partir des 4 mots : galopin, rêverie, mouvement, intuition

 

Ma rêverie se met en mouvement !


J’ai retrouvé mon âme de galopin !


Ce matin, j’ai eu une intuition, je devais profiter des vacances pour m’aventurer dans une voie qui n’était pas tracée !!! 


  Ecrire dans ou sur un lieu du musée et intégrer une phrase imposée     

lizio-2011 9767

 

C’est une histoire de promesse

De douceur et d’allégresse

Cette main accueille mes fesses

Dans un geste de tendresse

Au cœur de la maison ronde

Pas besoin d’une mappemonde

Juste des mots qui vagabondent

Pour réinventer le monde

Cet instant qui me sourit

A l’heure des doutes, des défis

Des réponses après la pluie

Que me-promets- tu, ma vie ? »

  Anne-Marie LE BRUN


Accompagnée du texte de Béatrice Soulé.

 

Même Ousmane Sow a été petit.

 

Un oiseau est capable de construire sa maison, pourquoi pas moi ?

 

Ousmane fabrique une maquette de la maison de ses rêves et la fait construire à l’identique. Il la recouvre ensuite de la même matière que celle de ses sculptures : un matériau qu’il a inventé en mélangeant divers produits. Il adore cela : mélanger ! Enfin il décide de créer lui-même les carreaux multicolores du sol à partir de cette même mixture.

 

Avant qu’ils soient secs, les chats, les amis de passage marchent parfois dessus y laissant leurs empreintes. Loin de se fâcher Ousmane est ravi : «  J’ai les pieds de Julien pour l’éternité ! » Le sol se remplit de souvenirs. »

Béatrice Soulé

 


Les mots de Robert, poète-ferrailleur

 

pecheur-d-etoiles.jpg 

Demeure dans le mouvement, utilise tes voiles, tes élans, poumons et oreilles...

Si tu as des pieds, c'est pour marcher. Il y a des fêtes pour danser, et des églises aussi ... pour danser, du silence pour se taire ...

 

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 00:00

  Ete-2011-6573-1-.jpg 26-avril--2-[1]

 

 

 

 

Voyage

Aventure

Carte

Agréable

Nature

Connaissance

Evasion

S’en aller

Charline. Été 2011

  

    ********************************** 

Visite                                                                               

Autrement

Caprice

Admirable

Nonchalance

Canal

Envolée

Spectacle

 

 

  *************************************************************************************************************************************

 

 

 

Vagabondage

Ami(e)s

Candide

Amour

Nouveauté

Choix

Echanges

Sensualité

Jean-François. Eté 2011.

 

  ***************************************************************************************************************************************** 

 

Texte en utilisant le maximum de ces mots et inspiré par la photo choisie.

(Rangée de femmes en maillot, vues de dos, regardant la mer).

 

 

 

 

"Je suis assez candide quant aux choix de mes amies,   mais quand celles-ci exposent leur popotin, ceci me rend d'une humeur très sensuelle.
Je deviens amour et vagabonde de l'une à l'autre."

 

Jean-François.été 2011

 

  ***********************************************************************************************************************************

 

 

 

 

Volontiers

Accro-branches

Camper

Artisanat

Nonchalance

Canal

Escalade

Sentier

 

  ********************************************************************************************************************************************

J’escaladerai mes envies, m’accrocherai aux branches pour ne pas perdre ma fougue.

Je camperai  sur mes positions de rêves.

J’irai, volontiers, par les sentiers, nonchalant.

Par monts et par vaux, par canaux, j’irai chercher la perle des artisans.

 

 

 

 Ete-2011-6604[1]

 

 

 

 

 

«  Chapeau de paille, bouée et filet à crevette, tout était prêt pour LA photo de vacances à la mer. Chaque année la même photo, sur la même plage. Seule ma taille changeait. »

 Jacqueline R. Atelier d’écriture été 2011.

 

 

  ******************************************************************************************************************************************

 

 

Et voilà ma maison en bois. Ça sort des racines, des arbres grands-pères, qui la tiennent sur ces fondations. Les bras des arbres et les buissons enveloppent la barricane, les animaux sauvages accueillent chaleureusement leurs nouveaux copains de la forêt. Une petite maison dans un grand espace. Le visage de la barricane sourit et chante Bienvenue à ses premiers visiteurs.

 

Texte écrit par Siân, anglaise et première habitante d’une barricane avec Fabio, Marcel et Emmanuelle. (July 2011)

 

 

 

                                       Ete-2010-6581[1]

 

La caravane pliante.

 

Nous allions en vacances à la mer chaque été.

 

Maman préparait la caravane pliante la veille du départ, elle la nettoyait pendant des heures, remplissait les tiroirs de vaisselle, prévoyait la nourriture à emporter et préparait les valises.

 

Papa de son côté se chargeait de nettoyer l’extérieur de la caravane, de vérifier le moteur de la voiture et de charger les valises dans le coffre.

 

Les rôles étaient bien déterminés mais malgré cela, il y avait toujours beaucoup de disputes pour des détails vite oubliés.

 

Ils dépliaient la caravane sur le trottoir face à la maison.

 

Les voisins nous regardaient. Ils venaient voir Maman et elle leur faisait visiter la caravane. Elle montrait les sièges avec les coussins colorés, les rideaux assortis, les petits meubles tellement pratiques, les petits tiroirs et le minuscule évier pour la vaisselle.

 

 

Nous partions la nuit suivante vers les deux heures du matin et souvent Maman n’avait pas dormi de la nuit car elle terminait sa journée par le nettoyage de la maison une fois que nous étions tous au lit. Il fallait que tout soit impeccable car la voisine avait les clefs …

 

 

 

Marc Clavet.

 

 

 

******************************************************************************************************************************************** 

 

« Echappées en quatre chevaux

 

Temps d’échange, de nonchalance

 

Partir par monts et par vaux

 

Au petit bonheur la chance »

 

 

Anne – Marie L.

 

ATELIER de l’été 2011

 

D’après la photo de la 4CV des vacances – 1959.

 

 

 

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 00:00

La grenouille conteuse 

Moi, la grenouille, j'adore me prélasser sur mon nénuphar et gober les mouches qui passent. De mon poste d'observation, j'ai un œil sur la mare et même bien au-delà, à travers les roseaux. Quand le ciel est dégagé, j'aperçois le clocher de l'église du village.

L'autre jour, Mariette, la vache, est venue se désaltérer à 18h00, comme à son habitude, avant la traite. C'est une vraie cancanière, elle m'informe des potins de la ferme, du village et des alentours. La nuit je me régale de tout raconter et d'en rajouter auprès de mon public batracien. J'aime causer et coasser, alors je prends plaisir à extrapoler, ça ravit les crapauds même s'ils ne s'en laissent pas conter et ça endort les têtards.

Mariette m'a dit que Léon est allé pêcher, malgré sa main blessée. Alors j'ai inventé qu'il s'était fait surprendre par un silure et que, d'une seule main, il s'est fait évidemment emporter, n'a pas pu se dégager et s'est retrouvé isolé sur l'île du Griffon. Ils ont tous gobé mon histoire, comme les mouches : « mais alors, comment il est revenu ? A-t-il perdu l'autre main ?... » demandaient-ils.

C'est Alfred, le poisson, qui a rompu la magie : «  la grenouille, tu fabules », a-t-il dit avec ses yeux de merlan frit, « c'est pas un silure qui a surpris Léon, mais une superbe créature qui se rafraîchissait dans la rivière, et Léon, il a cru à une hallucination, il a dû la prendre pour une sirène, il était comme envoûté et il est rentré dans l'eau tout habillé, alors qu'il ne sait même pas nager ».

Alfred avait réussi à captiver mon auditoire et ça me rendait jalouse. L'aventure de Léon, elle était pour moi. « Tais-toi » ai-je dit, « ton histoire elle ne tient pas debout, et jusqu'à preuve du contraire, le Léon il ne s'est pas noyé, je l'ai vu tout à l'heure au volant de son camion ». Sur ce, toute la mare s'est mise à coasser, un silure et une sirène, c'est quand même pas rien, et ça fait du bien de savoir qu'on vit dans un endroit où il se passe tant de choses...

Et puis, au petit matin, c'est moi qui ai cru avoir une hallucination : là au bord de l'eau, se tenait une jeune fille, toute jolie, toute frêle, qui ouvrait de grands yeux plein d'espoir en me regardant. Je n'osais pas bouger, j'avais peur de la surprendre et de la faire partir. Et puis, soudain du bruit, du mouvement dans les roseaux, panique à bord, c'est moi qui plonge instinctivement dans l'eau. Je me réfugie sous le nénuphar et j'entends la jeune fille qui s'adresse à son chien : « Azor, Azor, qu'as-tu fait . Elle est partie, la grenouille. J'ai l'impression que c'est elle, je te jure, elle me regardait avec de grands yeux, dans ce regard il y avait de l'amour, c'est elle, c'est lui le prince charmant, j'en suis presque sûre, il faut qu'on l'attende, elle va sûrement revenir ».

Moi j'avais du mal à avaler ma salive. Un prince charmant ? Oui, je sais que dans les contes, c'est classique, la princesse embrasse une grenouille et hop, un fringant jeune homme apparaît , ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants...

Mais moi, j'ai bien un père et une mère grenouilles, j'ai été tétard, ma mère a même gardé le bout de ma queue en souvenir...

M'enfin quand même, une vie de prince avec une jeune fille jolie comme celle-là, ça vaut le coup d'essayer. Qu'est ce que je risque ? Me faire manger par Azor ? Je suis trop rapide. Attraper une maladie ? Ça serait plutôt elle et non l'inverse.

Je décidai donc de remonter sur mon nénuphar et je battis des cils pour me faire remarquer.

J'eus à peine eu le temps de dire « Coâ » que j'étais au fond de l'épuisette, dans les mains de la minette et contre ses lèvres pour un baiser.

« Trop vite » ai-je eu le temps de penser.

Et pouf, changement de décor : je sens soudain le poids de l'âge sur mes épaules, j'ai donc des épaules. J'ai mal un peu partout, j'apprendrai plus tard que c'est de l'arthrose. Je sens une odeur de soupe, c'est ma princesse qui est aux fourneaux et qui est surtout une femme sage et âgée. Et devant moi, quatre paire d'yeux qui me regardent et boivent mes paroles, comme des petites grenouilles. J'apprendrai que sont mes petits enfants.

 Il semble que j'ai loupé une étape depuis le baiser... 

Gaëtane

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 00:00


La mamie d'Edouard

 

Edouard adorait sa mamie. Quand il courrait chez elle, c'est à dire dès qu'il avait un moment de libre, il était sûr de la trouver soit dans le jardin, soit dans la cuisine. C'était mamie Plate-bande ou mamie Cocotte. Elle l'appelait « mon p'tit bouchon » et, à chaque fois, ça le faisait fondre. Il se blottissait dans ses jupons qui sentaient le terreau, les pommes au four, l'herbe fraichement coupée ou le pot au feu.

C'est durant cette époque, que son odorat s'est développé. Sa mamie était du parfum ambulant. Elle s'imprégnait de tout ce qu'elle faisait, un vrai mille-feuilles d'odeurs qu'il apprît à discerner.

Mamie Plate-bande était la reine des plantes aromatiques. Elle les lui faisait sentir et l'aidait à mettre des mots sur ses impressions. Edouard s'est ainsi constitué un vrai catalogue de saveurs acidulées, sucrées, amères, douces, fortes, entêtantes...

Mamie Cocotte était tout sauf classique. Elle prenait un malin plaisir à tenter des associations et à surprendre les convives. Elle mettait toujours Edouard dans la confidence : «  goute-moi ça mon p'tit bouchon, de l'anis et du gingembre, est ce que ça fait un bon mélange ? ». 

Gaëtane

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 00:00

"LE MERLE BLEU ..." Textes écrits en atelier

Le merle bleu     

On prend un livre qu'on a bien aimé,

on cherche un chapitre qui puisse se continuer,

avec un peu de mystère,

un peu de possible,

un peu d'ouverture ...

On place un décor,

une multitude de photos à choisir,

on donne des mots à tirer au sort,

d'autres avec qui faire corps ....

on écrit, on laisse venir, en un temps réduit - limité...

Et on écoute toutes les diversités des écrits ...

 

 Merle bleu pages

 

A la recherche du Merle Bleu.

 

Elle profiterait de cette demi-heure de battement pour ranger la maison. Allons vite, elle monte l'escalier. Elle entre dans la chambre, un coup de chiffon rapide sur la table, elle secoue le tapis par la fenêtre.

Elle arrache les draps et refait le lit en un instant. Elle est rapide et pourtant Clo rêve de claquer des doigts et que la tornade blanche passe dans toute la maison.

Elle a cette manie de ne pas supporter de recevoir quelqu'un sans que sa maison soit astiquée, cirée, propre et qu'aucune poussière ne puisse voler. Mais le rêve ne peut s'exaucer, il reste le ménage dans l'entrée avec ses fameuses perruches dans une immense cage. Elles virevoltent et caquettent à tue-tête. L'eau, les graines, les plumes maculent en permanence le sol de l'entrée. Elle n'en peut plus de ces oiseaux. Clo rêve de s'en débarrasser, mais comment faire ?

René ne voudra jamais s'en séparer, il aime trop s'asseoir chaque après-midi pour les observer, compter les œufs, nettoyer la cage, les bichonner...

Elle est plantée là, à imaginer les plus horribles histoires, quand tout à coup on frappe à la porte. C'est Alain se dit-elle. Elle ouvre la porte, embarrassée de le laisser entrer dans une maison dans un tel état.

Bonjour, comment allez-vous ? Bien et vous ?

Tenez ! dit-il je vous apporte un petit cadeau. J'espère qu'il vous fera plaisir.

Clo est inquiète. Elle entrouvre légèrement le carton. Elle découvre qu'Alain lui a apporté une perruche bleue et blanche. Elle sourit et le remercie poliment.

Attendez, on va la mettre tout de suite dans la cage dit-elle.

Clo est maladroite…


 

Pourquoi Alain a-t-il offert une perruche à Clo ?(c’est ce à quoi, mon coéquipier d’atelier m’a demandé de répondre !)

- Quelle idée enfin de t'offrir une perruche à toi, ma chérie, qui n'a jamais aimé ces oiseaux lui dit René.

- Je ne sais pas, peut-être voulait-il nous faire plaisir à tous les deux ?

- Oui mais c'est le cadeau de trop, dont il aurait pu s'abstenir, car avec ta maladresse, voilà le résultat, un désastre, la cage complètement écrasée dans l'entrée et tous mes petits amours, envolés à cause de ce cadeau empoisonné.

- Je suis désolée mon chéri...

- Je m'en fous que tu sois désolée, c'est trop tard, c'est la faute de ce type et je ne veux plus le voir ici, jamais plus.

- Non René, ne sois pas si injuste, il n'est pas responsable et tu as bien vu son embarras. Tu ne peux pas l'éliminer comme ça, gâcher une amitié de si longue date. Tout ça pour des oiseaux qui ont simplement retrouvé leur liberté. Après tout, ils sont sans doute plus heureux comme ça.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce discours, je les aimais mes oiseaux. Ils n'étaient pas bien ici, nourris, logés, bichonnés. ? Ah ! Non, je ne veux plus jamais revoir ce type, entrer dans ma maison.

- J'en ai assez de tes oiseaux, toujours tes oiseaux, et puisque c'est ainsi, je m'en vais aussi, je reprends ma liberté. J'aime Alain depuis plus de 10 ans et je ne pourrais pas me passer de lui. Adieu René.

René était rouge de colère, figé sur place, ne reconnaissant plus sa femme.

Il ne dit pas un mot, baissa la tête et s'éloigna à pas lents vers la cuisine.

Toujours en silence, il prit le couteau qui se trouvait sur la table et l'enfourna rapidement dans sa poche. Puis il s'écroula sur une chaise. De grosses larmes coulaient sur ses joues quand Clo approcha près de lui.

Je te demande pardon, dit-elle.

C'est trop tard, cria René en se levant brusquement et en tirant le couteau de sa poche.

Il se planta le couteau dans le cœur.

Clo était tétanisée et … libre…

Marie-France Leroy-Tiercelin


 

Clo et René : un couple de retraités

Marco : le premier personnage
Alain Rachet : ami de Marco

Première partie (décembre 2010)


L'homme qui s'extrait à grand peine du car qui relie son domicile à cet endroit vient ici passer novembre, décembre. Il espère poser ici ses os en lieu sûr. Sur les conseils de son ami Alain Rachet, il voulait rencontrer un lieu imprévu, non décidé à l'avance, mais où aller? Le monde est si vaste de possibles !
Alain lui suggéra une astuce.
Quelqu'un a enfin trouvé la solution !
Lorsqu'ils se rencontrèrent, il lui tendit un dé.
"C'est le dé qui va décider de trouver ce lieu. La succession des chiffres va te donner la latitude et la longitude d'un endroit, après tu recherches le gîte le plus proche de ce point et tu t'installes pour l'hiver ".
Il était stupéfait et craintif à la fois. La stupeur défigurait son visage, lui qui pourtant ne faisait pas son âge.
"Allez, c'est le moment de te lancer" l'avait encouragé Alain.
Et en neuf coups il avait localisé un point sur cette terre. Quarante trois degrés, 1 minute, cinquante trois secondes de latitude nord et six degrés, six minutes , vingt six secondes, qu'il s'empressait de vérifier via Google Earth.
Quelques clics plus tard il avait localisé le gîte du Merle Bleu au bord de la Méditerranée et retenu une chambre.

"Coin Coin" retentit la sonnette originale du couple de retraités Clo et René .
"Bonjour et bienvenue au gîte du Merle Bleu , nous allons vous montrer votre chambre ! Vous avez de la chance, nous sommes hors saison et pouvons vous offrir la plus belle, avec une vue incomparable sur cette tour immobile et magique, plantée là comme une île solide au bord du large.
Avant le dîner, il téléphona à son ami Alain Rachet pour l'informer des événements.
"Si tu veux venir avec moi, il y a de la place, c'est super, c'est pas cher, c'est beau.
J'ai l' impression d'être devenu disponible à toutes les choses extraordinaires qui se présenteront à moi. Réfléchis , tu verras. "
Au dîner, après quelques banalités, l'inattendu tant attendu survint. Ce fut Clo qui amena le sujet.
"Cette région recèle un mystère que René et moi cherchons avec passion.
Les Anciens disent qu'un merle bleu extraordinaire gîte par ici et plusieurs personnes affirment l'avoir observé dans le palmier, là bas qui semble émerger des murailles du château.
Voulez vous partir à sa recherche avec nous?
Une légende locale affirme que ceux qui le rencontrent atteignent une sérénité inaccoutumée.
Et à défaut, les grandes promenades permettent de s'aérer, de bien respirer, d'observer, d'échanger..."
Il était ravi. Non pas que les balades ornithologiques soient sa tasse de thé mais il était venu à la rencontre de l'inattendu et il s'offrait à lui sous la forme d'un oiseau mythique.
Bien sûr il souhaitait le rencontrer mais peut-être est-il plus important de le chercher que de le trouver?.
Le but n'est il pas aussi le chemin? Ces chemins que dès demain il va parcourir en compagnie de Clo et de René, et peut-être d'Alain s'il se décide à les rejoindre.

Deuxième partie ( janvier 2011)

Marco
Ouahou! Salut mon cher Alain, quelle bonne surprise !. Je ne pensais pas que tu allais venir. Je te croyais débordé de boulot. As tu trouvé une raison profonde pour t'évader ainsi?

Alain
Salut Marco! Ecoute, je t'ai trop envié. J'en avais ras le bol du boulot, des emmerds, des impôts, des fuites d'eaux, des radars, des films imbéciles à la télé. Ton idée a dû faire son chemin en moi.

Marco
Oui, mais ton travail? Ton entreprise? Ça ne te pose pas problème?

Alain
Oh si ! Tellement que j'ai loué et regardé à la suite "Alexandre le bienheureux" et " Le bonheur est dans le pré" et ça m'a fait comme un déclic, alors je les ai tous plantés là.

René
Je vous souhaite la bienvenue au gîte du Merle Bleu cher monsieur, et si je peux me permettre, vous avez fait le bon choix. J'étais moi même DRH dans une grande entreprise de télécommunications , et bien croyez moi, on y laisse sa peau avec le stress de la rentabilité, des objectifs, des rapports et des pressions en tout genre.

Clo
Bienvenue monsieur Rachet, je me joins à René pour approuver votre choix d'être venu. Il faut savoir lâcher prise au bon moment, sinon on est mort avant d'avoir vécu.

René
Pour tout vous dire, après tous mes problèmes de boulot qui ont engendré insomnies et dépression, j'ai rencontré Clo qui à l'époque était thérapeute en zénitude et on s'est dit qu'il valait mieux une modeste retraite heureuse que la plus belle tombe du cimetière. Alors on s'est marié et pour joindre les deux bouts, on a ouvert le gîte du Merle Bleu.

Marco
Et c'est une réussite je t'assure. On se sent bien rien qu'en tirant la sonnette d'entrée. Tu verras, ça gagne très vite.

Alain
On verra. Pour l'instant, j'en ai un peu marre de tout et je sais que je ne suis pas très rigolo mais je suis de bonne volonté pour aller mieux.

Marco
Oh tu sais, je crois qu'on est tous un peu à la recherche de la même chose.

Clo
Et quelle est cette chose?, si je peux me permettre.

Marco
Comment résumer cela?
Peut-être de se sentir en harmonie avec les gens et les lieux que l'on côtoie dans sa vie. Qu'en pensez-vous?

René
Ça me semble bien exprimé.

Alain
C'est vrai que cela dit assez bien ce qui n'allait pas dans ma vie et que je peux rechercher en venant ici.

Marco
Et bien moi j'ai l'impression de déjà approcher cette belle idée.

René
Je vous propose donc de symboliser cette quête de chacun d'entre nous par la recherche de ce mythique merle bleu que nous essayons sans cesse d'approcher.

Alain
De quoi s'agit-il exactement? Je ne comprends pas. Le merle bleu, c'est votre gîte. Vous savez où vous habitez. Comment pouvez vous le rechercher?

Clo
En fait, la quête du Merle Bleu, c'est un peu la quête immatérielle des aspirations les plus élevées que nous portons chacun en nous.

René
Nous recherchons un oiseau merveilleux tout en espérant ne jamais pouvoir le mettre en cage. Nous avons fait de cet oiseau l'emblème de la sérénité, vous comprendrez pourquoi il nous guide tout en se dérobant sans cesse.

Marco
Tu sais, Alain, je ne m'attendais pas à tomber sur tout ça, mais quand on aime l'imprévu, on est prêt à poursuivre toutes les chimères.

Alain
J'aime assez la tournure que prennent les choses et je sens que déjà mon entreprise est devenue très secondaire. Et puis dans nos balades, nous pourrons peut-être regarder les petites maisons sympas qui afficheraient un écriteau : A VENDRE.

Clo
Vous avez un projet de venir dans notre pays?

Alain
Tout à fait, je viens de développer ce projet il y a exactement trois minutes. Mais le cours des choses est tellement curieux...

René
Allez, montez dans la voiture, le gîte du Merle Bleu vous attend.

J. Y. STONA


 

L'homme qui s'extrait à grand peine du car qui relie la ville à la rivière, vient ici passer novembre décembre. Il espère poser ici ses os en lieu sûr. C'est la première fois qu'il vient, mais il est certain d'arriver au bon endroit. Il a été interpellé par un article qu'il a lu dans son journal. Il se souvient d'avoir sursauté, tellement l'endroit décrit ressemblait à un lieu qu'il avait visité jadis avec ses grands-parents. Il se rappelait les odeurs, l'ambiance, le calme, le vol des oiseaux...

Il est vrai que les voyages apportent parfois leur lot de surprises, mais ce n'était pas bien grave puisqu'il avait décidé de se lancer.

Il prend son sac doucement, referme son manteau, pose son chapeau sur sa tête puis regarde loin devant lui. Son regard se pose bientôt sur une maison. Il se sent attiré vers elle et sans se poser la moindre question, il se dirige résolument vers celle-ci.

Ses pieds roulent parfois sur des cailloux, il est vrai qu'ils sont plus fragiles depuis quelques années. Il n'a qu'à faire un peu plus attention.

Ca y est, il est arrivé sur le seuil de la maison, il sonne et attend quelques secondes devant la porte. Celle-ci s'ouvre sur une dame aux cheveux grisonnants. Elle lui sourit chaleureusement et le fait entrer sans hésiter.

On entend alors une question :

Ce sont les petits qui arrivent ?  

- Non, non répond la femme, nous avons un visiteur. Au fait Monsieur, à qui ai-je, l'honneur ?                                  

-Excusez moi, je ne me suis pas présenté. Mon nom est Alain Rachet, vous ne me connaissez pas. En fait, j'ai été  comme fasciné par votre maison. Comment vous dire ? Elle me parait si famillière. Je suis persuadé d'y être déjà venu.

L'homme à la "voix off", sort de la pièce où il était et se joint à eux.  

- Bonjour Monsieur Rachet, enchanté de faire votre connaissance. Vous êtes ici chez Clo et René et nous serions ravis d'écouter votre histoire. Venez, entrez dans le salon, le feu qui flambe dans la cheminée vous réchauffera.

Ils s'installent tous les trois sur des fauteuils et Alain R. explique le cheminement qui l'a conduit jusqu'à eux.

 

Michèle


 

L'inconnu

L'homme qui s'extrait à grand peine du car qui relie Manosque à Reillane vient ici passer novembre, décembre. Il espère poser ici ses os en lieu sûr.

Il observe d'abord quelque peu l'environnement, repère d'emblée le commerce dans lequel il ira chercher la clé, et traverse délibérément la route, traînant sa valise à roulettes derrière lui, pour se rendre au café.

Il y a quelques habitués au comptoir qui ne font pas attention à lui, il s'installe à une table près de la fenêtre et commande un petit blanc. Il écoute distraitement les conversations, savourant l'accent du sud et s'imprégnant de l'ambiance locale.

Il récupère la clé comme prévu à la supérette, la commerçante sort sur la rue pour lui indiquer la direction de la maison, le linge est propre, le chauffage allumé, il ne doit pas hésiter à venir s'il a un souci quelconque ou besoin d'un renseignement.

La première impression est bonne se dit-il. On dirait qu'il a fait le bon choix.

La maison est petite mais agréable et confortable. En ouvrant les volets qui donnent sur la rue, il aperçoit une femme à la fenêtre d'en face qui le regarde. Il fait spontanément un signe pour la saluer, mais elle laisse tomber immédiatement le rideau. Tant pis, il aura le temps de faire connaissance plus tard peut être.

Dans l'après midi, après une sieste réparatrice, il décide d'explorer le village. La femme est toujours là, elle a sorti une cage et semble parler à un couple de perruches, tout en l'observant du coin de l'œil. Il lance cette fois un grand bonjour, auquel elle répond par un signe de tête, sans un sourire. Décidément, elle ne semble pas loquace.

Quand il revient, une heure plus tard, elle est de nouveau à sa fenêtre, comme si elle l'attendait. Cette fois, il en éprouve une impression bizarre, il hésite, doit-il l'ignorer, déjà ? Quel dommage. Il a pris de bonnes résolutions en venant ici. Se reposer mais aussi découvrir les lieux et les gens. « Être en accord avec soi », a dit son thérapeute. Ce n'est quand même pas une première voisine qui va le désarçonner ?

Le lendemain, il décide de l'affronter, cette voisine bizarre. Il a des méthodes pour faire tomber l'angoisse. Ca peut ressembler à des gris-gris, du spiritisme ou tout ce qu'on veut, l'important c'est que ça marche. L'homme traverse la rue et frappe à la porte. La femme ouvre, le visage aussi hermétique que jamais. Une chance, il aperçoit derrière elle, la bouille joviale de son mari, fendue d'un large sourire, ce qui lui donne le courage nécessaire pour continuer.

« Bonjour Monsieur Dame, je m'appelle Alain Rachet, je suis votre voisin d'en face pour quelques mois, et je souhaiterais vous inviter à prendre le café cet après midi, votre heure sera la mienne ».

« Quelle délicate attention, M. Rachet », s'empresse de répondre le jovial bonhomme, « n'est ce pas Clô ? ». Celle ci reste de marbre mais rendez vous est pris pour 16h00.

Alain Rachet retourne vite chez lui, il a une demi heure de battement pour préparer la petite cérémonie.

Il installe, tout autour de la pièce, une multitude de petites bougies aux odeurs variées, ferme légèrement les rideaux, occulte les lampes d'un tissu léger et met en sourdine une musique sacrée. Il s'active autour de la cafetière, et s'imprègne ensuite du décor et de l'ambiance créés. Normalement, ça marche à tous les coups. Cette voisine récalcitrante devrait fondre comme les bougies dans une telle atmosphère....

 


 

Clô, le drôle d'oiseau

Elle profiterait de cette demi-heure de battement pour s'assurer que tout est en place, le tapis sur la table, la porte de la chambre légèrement entrouverte, l'escalier dans la pénombre, les accessoires dans l'armoire...

Puis, elle se pomponnerait quelque peu devant le miroir et s'installerait face à la fenêtre, guettant son arrivée. Cet Alain Rachet lui a fait perdre la tête ou trouver sa vraie nature, c'est selon.

Elle qu'on a toujours facilement prise pour une femme docile, serviable, aimable..., elle se découvre une âme de tueuse, de tyran, de sadique... Elle se sent comme un loup en cage, luttant pour que ses instincts meurtriers ne se révèlent pas trop vite.

Avant de connaître Alain Rachet, il lui arrivait de faire le rêve qu'elle ne pouvait pas parler mais qu'elle pouvait frapper. Ce rêve lui faisait peur. Aujourd'hui, il prend tout son sens.

Pour libérer une première fois l'énergie dévastatrice qui l'habite, elle s'est emparée d'un nid, a brisé tous les œufs, puis elle en a trouvé un autre avec des bébés oiseaux qu'elle s'est empressée d'écraser entre ses mains sans aucune émotion.

Elle ne voit plus sa rue ni sa maison de la même façon. Tout lui semble propice au crime : un lieu, un outil...

Plus que cinq minutes, il est toujours ponctuel, Alain Rachet. Elle est détendue, quoiqu'une légère crispation du sourcil gauche pourrait révéler l'émotion ressentie avant l'accomplissement d'un acte fatal.

Le voilà, vêtu de noir, un tant soit peu négligé, un sac en bandoulière. Il sonne, une fois seulement. Elle s'empresse d'aller ouvrir, un coup d'œil sur René qui n'a pas bronché, comme à son habitude.

- Bonjour Clô, vous permettez que je vous appelle Clô ? Vous êtes ravissante aujourd'hui.

- Merci, entrez Alain, installons nous dans la cuisine, René dort dans le salon.

Elle lui offre un café, prétexte qu'elle a déjà pris le sien avec René, qu'en abuser est mauvais pour son cœur, et engage la conversation, comme avec un vieil ami.

Ils parlent du temps, doux pour la saison, des rues encombrées par les poubelles avec la grève des éboueurs (ils ont sans doute de bonnes raisons, mais enfin quand même !), puis Clô a cette question surprenante, au détour d'une phrase, sans préambule :

- Et vous Alain, vous n'avez jamais imaginé tuer quelqu'un pour votre seul plaisir ?

Alain reste un instant coi, demande à Clô de répéter, ne comprend pas où elle veut en venir quand soudain, il se sent mal, se crispe, porte ses mains à son ventre, ouvre de grands yeux écarquillés de surprise. Elle se précipite pour l'aider à se lever, propose d'aller vers la chambre pour qu'il s'allonge, saisit juste à temps le fauteuil roulant sous l'escalier, celui qui a servi à René lors de son hospitalisation et qu'elle a pris soin de déplier, afin qu'Alain s'y laisse tomber déjà presque inconscient. Elle attend quelques secondes, mimant l'apitoiement, lui touchant le front brûlant d'une fièvre aigüe, puis quand tout est fini, elle pousse le fauteuil sous l'escalier, prend la couverture dans l'armoire pour le couvrir entièrement, range le tapis de la table, lave la tasse et la cuillère, remet tout en place, il ne s'est rien passé, il est jute 15h20, l'heure d'aller se promener.

Du salon, René qui sort péniblement de sa sieste, lance d'une voix encore enrouée de sommeil :

- Alain est arrivé ?

- Non, il a téléphoné, il est patraque, il ne pourra pas venir aujourd'hui, il faudra qu'on lui dise ce qu'on a observé.

Le couple sort, comme à son habitude, les jumelles autour du cou pour une balade ornithologique. Clô se sent bien, c'est si facile, la vie continue, cette fois elle est quasi sûre qu'il vont le voir, le merle bleu.

Gaëtane

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25 février 2010 4 25 /02 /février /2010 00:00

        CHEZ-NOTRE-BOULANGER-5221.JPG
                                                                Les mots du pain .... de l'atelier du 25 février 2010       


 

Je sors de la boulangerie, mon petit pain chaud dans les mains. Je n'ai pas pris de sac, ah ça non ! Ce serait sacrilège que de ne pas profiter de la chaleur odorante se dégageant de cette boule merveilleuse ! On dirait un morceau de la boulangerie qui s'en va avec moi... Je me sens comme une voleuse, emportant loin de son créateur ce petit bout d'odeurs, de rires et de bonheur ...
Je la regarde entre mes doigts.
Qu'elle est belle et appétissante, si ronde, si douce, et si chaude ...
Allez, personne n'y verra rien...
Je détache du bout des doigts la croûte si amoureusement grignée... J'augmente ses faiblesses, je la grigne à mon tour, non mais !
Mes entailles ne sont pas parallèles...
Tant pis, au point où j'en suis, je continue... Quand même, je me demande si j'ai bien fait de la commencer... Mais c'est tellement délicieux !
Ah ! J'arrive à la mie... Si j'avance encore tout droit pendant un petit bout de temps, je parviendrai au coeur de la fournaise ...
Mmmmmh ! J'en salive d'avance ! La mie est toute douce, elle fond sur la langue.
J'en détache un morceau... puis deux... puis trois... Je suis une ogresse ! Prends garde à toi, petit pain ! Je vais te dévorer tout cuit !
En effet, je le dévore. J'arrive à la maison. Je cache les dernières miettes dans mes poches déjà bien pleines de précédents forfaits...
Je me demande quelle histoire je vais bien pouvoir inventer...

Armelle !


 

Au coin de la rue la boulangerie propose toutes sortes de pains bien grignés qui s'attendent à être grignotés.

Alors pourquoi me gêner ?

La forme de la baguette incite à réduire sa taille,

d'abord le croûton dont le petit bout pointu ne demande qu'à être cassé,

ensuite la croûte s'espace et laisse entrevoir une mie odorante

Vite...l'odeur va s'échapper!

je profite de l'instant...

et hop!...de chaque morceau que je détache s'évapore une nouvelle senteur de bon pain frais

Les bouchées rythment mes pas,

je marche de plus en plus vite car maintenant il pleut !

J'arrive enfin à bon port trempée comme une soupe et sans baguette...

J'ai dîné au pain sec et à l'eau!

Marie

 


Je sors d’acheter ma baguette à la boulangerie des Carmes. Elle est belle, bien croustillante, tendre comme du bon pain. Je la pose délicatement sur le siège du passager pour ne pas l’abîmer. Je l’ai eue pour une bouchée de pain, mais alors quel régal de la contempler tout en conduisant ma voiture. C’est une baguette pure tradition que je m’efforce de ne pas toucher, malgré mon envie irrésistible d’y goûter. Vais-je être tentée par le grignotage du bon pain frais, me mettre une croûte sous la dent, ou vais-je pouvoir attendre de savourer tranquillement mon pain, de le partager avec les gens que j’aime…

Telle est la question…

Florence B.

   


Maman m’a hélé du fond de la cuisine : « Il est presque midi. Va chercher le pain Fabrice ! ». Le pain, ou plutôt, les pains, car nous, on est une grande famille, et en plus on est tous des mangeurs de pain, pour ne pas dire dévoreur. Rien qu’avec nous, le boulanger, il ferait son pain !

Aujourd’hui, il fait beau. J’ai envie d’aller au village à pied. D’habitude, je prends le vélo et je rentre avec les pains serrés sur le porte-bagage. Quelquefois, il y en a un qui se tord sous la pression du tendeur, et il se coupe en deux ! Patapan ! voilà la moitié du pain de deux livres qui roule comme boule sur la chaussée. Zut ! une descente, il roule encore jusqu’au fossé… Avec le pain parfois, il y a des coups fourrés !

Bon, revenons à notre commission : aller chercher le pain au village. Je marche vite. Mission vite réglée. Mais le retour avec le pain, c’est une autre affaire. Surtout qu’il est tout chaud, tout juste sorti du four. Il paraît tendre comme du bon pain, alors, je ne peux résister à en enfourner un bout dans la bouche. Je casse la croûte avant l’heure. J’adore les croûtons mi-durs mi-tendres. Je mange mon pain blanc. Total, sur les 1 kilomètre à pied, une bouchée à chaque mètre, comptez ! de ce pain, je n’en fais qu’une bouchée ! Zut ! est-ce qu’il me reste encore des sous pour retourner chez le boulanger, sinon, je vais me faire appeler Léon et après je vais me retrouver à manger mon pain noir, ou pire, je vais être au pain sec et à l’eau. Faut réfléchir avant de casser une graine sans penser à ceux qui attendent le bon pain savoureux à la maison. Notre Père qui êtes aux cieux, pardonnez-nous nos offenses et donnez-nous notre pain quotidien !

Amen !

Fabrice

 


 

Je sors de la boulangerie des Carmes, ma baguette sous le bras. J'en ai choisi une grignée en biseau pour qu'elle ait de belles petites oreilles bien croustillantes.
En chemin, je m'autorise à en manger une (oreille) qui craquelle sous mes doigts et scrontch sous mes dents. Comme je rencontre une amie, évidemment, nous papotons, et tout en papotant, je casse une autre petite oreille, puis une autre, et comme je suis partageuse, nous partageons.
Quand la baguette est "désoreillée", nous attaquons la mie. Une p'tite mie pour elle, une p'tite mie pour moi. Comme je lui demande où elle va et qu'elle me répond: "à la boulangerie" et que nous venons de manger tout mon bon petit pain blanc, nous nous sommes toutes les deux dirigées vers le même magasin pour, chacune, acheter une belle petite baguette mais plutôt grignée "vertical":

il y a moins d'oreilles à manger.

Marielle

 

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